Catalogue des oeuvres de Max Pinchard

Golfes d'ombre I, II, V, VI

pour piano seul

Effectif : piano

Durée : 20 minutes

Composition : I : Le Peuch, 25 juillet 1975. II : Grand-Couronne, 22 janvier 1976. V : Saint Maclou la Brière, 26 août 1976. VI : Saint Maclou la Brière, avril 1978.

Auditions :

Enregistrements :

Commentaire : Les Golfes d'ombre font partie d'un recueil de 9 pièces concertantes dédiées au piano seul ou à deux pianos. En 1971, dans La Revue musicale n° 316, 317, ils furent salués par la pianiste Lucette Descaves (La musique pour piano) comme étant des pièces d’une « exceptionnelle poésie ». : En effet, dans le catalogue des œuvres de Max Pinchard, les Golfes d'ombre tiennent une place privilégiée. C’est une sorte de carnet de bord où sont réunies des pages expérience, des pages aveu, des œuvres développées ou non. C’est un hommage adressé au piano, à la virtuosité. La référence à Rimbaud (Voyelles) est tout un programme. Ici, a pu écrire le musicologue Christian Goubault : « Le tragique prend le pas sur toute autre préoccupation. En relisant Rimbaud, Max Pinchard a trouvé les « nuits sans fond » et les « aubes navrantes ». Il renaît en poète meurtri…son cheminement l’a conduit à travers les ronces… ». C’est en créant et en enregistrant les Golfes d’ombre 1, IV, V, VI, que la pianiste Mireille Saunal a suscité par son amitié et sa ferveur la composition des autres pièces. Le compositeur cherche moins à ouvrir des chemins nouveaux qu'à dire vigoureusement ce qui lui tient le plus à cœur. Dans ce carnet de bord se côtoient des pages développées, véhémentes et des instants plus concentrés et dépouillés. Ainsi les Golfes d'ombre III et IV pour deux pianos constituent des exemples significatifs qui éclairent la démarche du compositeur; celui-ci assume jusqu'au bout la discontinuité d'éléments harmoniques et thématiques opposés et choisis comme tels. Dès lors, les ruptures se rythment par fortes oppositions mais elles ne sont pas synonymes de cassure, même si elles traduisent les difficultés qui assaillent l'homme dans sa fragile intériorité et son devenir trop souvent incertain. Le Golfe d'ombre I, qui ouvre le recueil, est une sorte de grande variation sur un thème posé dès le début. Peu à peu, le lyrisme du musicien s'y affirme avec force ou se concentre dans des harmonies sombres d'une robuste densité. Le Golfe d'ombre II est entièrement construit autour d'un ostinato mélodique. Des accords en suspension créent des climats troublés comme une confession retenue. Le Golfe d'ombre V est une invention contrapuntique à deux voix autour d'une série défective. La concentration de la forme, sa brièveté constituent une réflexion sur le silence. Golfes d'ombre VI rappelle le climat dramatique du n° I. Par grands plans, Max Pinchard exploite toutes les ressources du piano : la percussion, la virtuosité, les harmonies verticales, les lignes discursives. C'est un poème rimbaldien où s'entrecroisent les préoccupations essentielles du compositeur.



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