Catalogue des oeuvres de Max Pinchard

Golfes d'ombre III, IV

pour deux pianos

Effectif : deux pianos

Cette œuvre comporte 2 mouvements :

Durée : 15 minutes

Composition : A Saint Maclou la Brière, 14 et 25 août 1976.

Creation : A Saint Etienne du Rouvray, lors du 10ème anniversaire de la chorale Voix unies, par Philippe Davenet et Colette Tenière le 20 novembre 1976.

Auditions :

Commentaire :

Les Golfes d'ombre font partie d'un recueil de 9 pièces concertantes dédiées au piano seul ou à deux pianos. En 1971, dans La Revue musicale n° 316, 317, ils furent salués par la pianiste Lucette Descaves (La musique pour piano) comme étant des pièces d’une « exceptionnelle poésie ». : En effet, dans le catalogue des œuvres de Max Pinchard, les Golfes d'ombre tiennent une place privilégiée. C’est une sorte de carnet de bord où sont réunies des pages expérience, des pages aveu, des œuvres développées ou non. C’est un hommage adressé au piano, à la virtuosité. La référence à Rimbaud (Voyelles) est tout un programme. son cheminement l’a conduit à travers les ronces… ». C’est en créant et en enregistrant les Golfes d’ombre 1, IV, V, VI, que la pianiste Mireille Saunal a suscité, par son amitié et sa ferveur, la composition des autres pièces. Le compositeur cherche moins à ouvrir des chemins nouveaux qu'à dire vigoureusement ce qui lui tient le plus à cœur. Dans ce carnet de bord se côtoient des pages développées, véhémentes et des instants plus concentrés et dépouillés. Ainsi les Golfes d'ombre III et IV pour deux pianos constituent des exemples significatifs qui éclairent la démarche du compositeur; celui-ci assume jusqu'au bout la discontinuité d'éléments harmoniques et thématiques opposés et choisis comme tels. Dès lors, les ruptures se rythment par fortes oppositions mais elles ne sont pas synonymes de cassure, même si elles traduisent les difficultés qui assaillent l'homme dans sa fragile intériorité et son devenir trop souvent incertain. Le Golfe d'ombre III, énergique, haletant, pour deux pianos, à travers l'évocation d'images douloureuses de la déportation, n'est pas dénué d'une évolution porteuse d'espérance. Un thème de choral, élément essentiel de la structure musicale, présent dès le début, finit progressivement par s'imposer et son recueillement donne un sens aux souffrances, aux troubles de l'être humain, confronté à ses ultimes limites. Le Golfe d'ombre IV, Comme une berceuse funèbre, pour deux pianos, est dédié à la mémoire de celui qui fut, pour Max Pinchard, son maître en composition, le compositeur français : Georges Migot. C'est une pièce dans laquelle la fluidité de l'eau confère continuité, transparence et tendresse. Le discours musical s'épure progressivement pour aboutir, au bord du silence, à un chant de reconnaissance et d'abandon.

Ainsi les Golfes d'ombre, n° III et IV pour deux pianos constituent des exemples significatifs qui éclairent la démarche du compositeur; celui-ci assume jusqu'au bout la discontinuité d'éléments harmoniques et thématiques opposés et choisis comme tels. Dès lors, les ruptures se rythment par fortes oppositions mais elles ne sont pas synonymes de cassure, même si elles traduisent les difficultés qui assaillent l'homme dans sa fragile intériorité et son devenir trop souvent incertain.

Christian Goubault, critique musical,dans un article paru sur Paris-Normandie, le 22 novembre 1976, lors de la création des Golfes d’ombre 3 et 4, pour deux pianos, par Philippe Davenet et Colette Ténière, au cours du concert donné  pour le Dixième anniversaire des « Voix Unies, parle ainsi : 

« Avec Max Pinchard, le tragique prend le pas sur tout autre préoccupation. En relisant Rimbaud, il a trouvé les « nuits sans fond » et les « aubes navrantes ». Il renaît en poète meurtri. Mais quel poète ! Dégagé maintenant des tâtonnements et des recherches pour atteindre l’essence du langage, son cheminement l’a conduit à travers les ronces. Voilà pourquoi Golfes d’ombre III et IV est l’œuvre émouvante d’un créateur authentique, musicien de naissance, se mettant en question pour devenir un musicien lucide et solitaire. Un choix douloureux qui éclate avec une particulière acuité dans l’In memoriam final,  avec les trois premières notes de « Tristan » (un symbole) et la terminaison au bord du silence.

A noter une écriture dense, des harmonies qui résonnent sur toute l’étendue des claviers, des prolongements de couleurs, une forte assise tonale et modale malgré la modernité de la langue.

 

 



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